2125, le monde dans lequel j'allais vivre n'était plus que l'ombre de ce qu'il avait pu être des années auparavant. L'humanité avait perdu la chose qui aurait du être la plus importante à ses yeux pour des ressources et de la richesse, condamnant à mort des milliards d'innocents. Mais bien sur, cette année là, je n'en savais rien. Je ne savais pas ce qui allait m'attendre là dehors, une fois hors de la base militaire de Melbourne en Australie où m'a mère m'a donné naissance. Mon père était alors en mission mais personne ne l'a rapatrié pour un acte aussi futile que ma naissance. Je ne l'ai donc pas vu les premières années de ma vie, celles où je suis censé faire son bonheur en l'appelant "papa" avant même de savoir parler et durant lesquelles il aurait du être présent pour me soutenir lors de mes premiers pas. Mais j'étais beaucoup trop jeune pour lui en tenir rigueur. Je me contentais juste d'écouter ma mère me raconter des récits à propos du sergent qu'il était et du courage qui le poussait à combattre les méchants. 2127, j'ai exactement deux ans aujourd'hui et pour l'occasion, nous avons été autorisés, moi et mes amis, à nous rendre dehors pour pouvoir jouer sur le stade à condition de porter d'horribles masques qui, selon nos parents, protégeaient nos poumons de l'air pollué. Ce fut ce jour là que mon père me vit pour la première fois. Après avoir soufflé mes bougies, nous nous sommes éloignés accompagnés de ma mère afin de pouvoir faire connaissance. La réalité c'est que je sentais bien la gêne apparente de mon paternel et que je m'étais contenté de le prendre dans mes bras pour un câlin qu'il m'avait rendu aussitôt, surement trop soulagé de ne rien devoir me dire. Enfin.. Le lendemain, c'est lui qui vint me voir afin de m'expliquer que nous allions prendre une sorte de machine volante dans les jours à venir, Un avion ? lui avais-je répondu et il s'était empressé de rire de sa bêtise. Apparemment, nous nous rendions dans un endroit nommé Boston aux États-Unis car leur gouvernement avait besoin de l'aide de mon père pour leur armée, ou pour je ne sais trop quelle raison en fait. 2131, même si je ne le savais pas encore, cette année allait changer beaucoup de choses dans ma vie. Depuis que nous étions arrivés en Amérique, mon père rentrait tous les soirs et avait le loisir de nous conter des histoires à propos d'une faille spatio-temporelle. J'imaginais déjà des tas d'histoires à propos de ce qu'il pouvait bien y avoir de l'autre côté mais jamais je n'aurais pu penser à ce qui m'y attendait.. Le 6 Décembre de cette année là, mon père ne rentra pas à la maison pour la première fois et lorsque je me levais le lendemain, il me prit soudainement dans ses bras avant de m'expliquer ce qu'il se passait. J'étais encore un peu jeune et si je n'avais pas saisi tout les mots, j'avais au moins compris qu'il sous-entendait que l'on aurait une chance de se sortir de cette vie misérable. Enfin, si l'on incluait que les maladies à répétitions, la famine et les contrôles à chaque coins de rues en plus de l'air irrespirable étaient ce que l'on pouvait appeler une vie. 2132, de nombreux militaires sont sur le pied de guerre pour traverser la faille qui les mènera dans le passé afin de construire une civilisation nouvelle qui permettrait à l'humanité de survivre. Mon père faisait parti de ces soldats, Hope Plaza lui ayant promis une place pour ma mère et moi lors du premier pèlerinage qui mènerait à la colonie achevée dans quelques années. La construction s'étala sur de nombreuses années durant lesquelles celle qui m'avait donné la vie perdait espoir. Elle en avait toutes les raisons d'ailleurs, après tout, on ne savait pas ce qu'il pouvait bien se passer là bas ni même si mon père était encore en vie. Néanmoins, je ne pouvais me résigner à baisser les bras pour de simples suppositions. 2137, j'ai douze ans aujourd'hui mais pas question pour moi de sortir m'amuser ou de souffler des stupides bougies sur un gâteau. Depuis quelques mois déjà, ma mère est gravement malade. Le médecin dit qu'il n'y a plus rien à faire pour elle, que l'infection pulmonaire est à un stade déjà bien trop avancé pour qu'elle puisse s'en remettre. Mais je refuse de l'abandonner dans un tel moment et passe nuits et jours à ses côtés sans relâche, prenant soin d'elle alors que cela aurait du être le contraire. Néanmoins, je suis fier de pouvoir l'alléger d'un poids conséquent quand c'est ce qu'elle a le plus besoin. 2138, six ans sans nouvelles de mon père et un an que ma mère est malade. Elle n'a plus la force de se battre, je le ressens, elle perd espoir chaque jour un peu plus. Après avoir tenu bon pendant encore de longs mois bien que la maladie s'aggravait, la lumière dans ses yeux s'est éteinte et je me suis retrouvé seul sur cette Terre hostile entre des personnes qui ne voulaient pas de ma personne. Des amis de la famille m'ont tout de même accueilli quelques temps, on disait que le jour où les premiers à pouvoir passer la faille ne tarderait plus à présent. 2141, depuis les tragiques évènements d'il y a trois ans, le système de loterie pour avoir une place à Terra Nova qui était en pour-parler cette année là, fut enfin instauré. J'allais avoir seize ans à la fin de l'année mais, en Février, lorsque je reçu ma convocation pour traverser la faille et me rendre sur la colonie, je ne pus m'empêcher de penser que je ne fêterais plus jamais mon anniversaire sur Terre et je dois avouer que l'idée me réjouissait. J'étais seul à Hope Plaza le 05 Mars, dans une foule de personnes qui auraient la chance de reconstruire leur vie à Terra Nova tout comme moi et d'autres qui scandaient tout en essayant vainement de passer les contrôles de sécurité. J'avais de la peine pour ces gens mais, comme tout le monde, je voulais simplement me retrouver loin de la désolation. On nous avait promis tant de chose à l'égard de cette nouvelle terre que nous allions habiter, je ne pouvais décidément pas me faire à l'idée que j'allais pouvoir vivre, que j'allais pouvoir avoir un avenir..

Terra Nova, je n'eus même pas le temps d'admirer la beauté du paysage qui s'offrait à moi que je m'étais déjà écroulé au sol avec une certaine difficulté à respirer. On nous avait prévenus à Hope Plaza avant de passer le portail mais je n'aurais jamais pensé que ce serait aussi.. violent. En regardant autour de moi, je remarquais que je n'étais pas le seul et laissais tomber ma tête contre le seul herbeux, bien vite aveuglé par la clarté du ciel qui s'offrait à moi. Je crois avoir perdu légèrement connaissance puisqu'une fois réveillé, je me suis retrouvé allongé dans un lit d'hôpital, des médecins s'activant un peu partout autour de moi. Ma tête tournait mais je voulais en voir plus de l'endroit où je me trouvais quand je sentis une main dans mon dos qui me soutenait tout en me maintenant pourtant fermement assis. Ne bouge pas..Skyler. J'aurais reconnu cette voix entre mille malgré son absence interminable et, avant que la pensée ne m'eus traversé l'esprit, je me retrouvais dans ses bras pour une étreinte que j'attendais depuis des années. En Novembre, peu après mon seizième anniversaire et mon premier dans la colonie, j’entamais un stage militaire aux côtés de mon père comme j'avais toujours voulu le faire depuis que, gamin, ma mère me racontait des histoires à son sujet. J'étais motivé plus que jamais et j'eus tôt fait de faire mes preuves au sein des soldats de Terra Nova. Deux ans plus tard, j'étais officiellement l'un des leurs pour le plus grand bonheur de mon paternel et je me plaisais à sortir dans la jungle lorsque mon emploi du temps me le permettait, pour grimper aux arbres et observer les diverses techniques de chasse d'un dinosaure. J'avais enfin une vie tout comme les colons arrivés avant et avec moi mais à présent, j'allais devoir m'assurer de l'arrivée du second pèlerinage qui, comme moi quelques années auparavant, débarquerait avec des idées plein la tête.. Tout c'était très bien déroulé mais mon père et moi avions préféré rester encore un peu afin de nous assurer que d'autres pèlerins n'arriveraient pas avec un peu de retard. Sans aucuns signes à la tombée de la nuit, nous nous décidâmes à reprendre la route vers la colonie à bord du quatre-quatre que nous occupions. J'avais insisté pour conduire mais, avec le recul, je pense vraiment que j'aurais du laisser mon père au volant ce 14 Janvier.. Un de nos pneus avait crevé alors que nous étions presque arrivés au camp. Prenant notre courage à deux mains, nous avions commencé à marcher sans apercevoir les carnotaurus qui nous traquaient depuis notre descente de la voiture. Ils attaquèrent par surprise, nous prenant au dépourvu et je ne m'en voudrais jamais assez de ce qu'il se passa par la suite. L'un de nos assaillants était parvenu jusqu'à moi, laissant la trace de ses puissantes griffes sans mon dos et je m'étais lâchement écroulé sur le sol avant de perdre conscience, mon père à présent seul face à je ne sais combien de prédateurs.. Je me suis de nouveau réveillé à l'infirmerie comme au premier jour et, une fois remis sur pieds, on m'avoua ne jamais avoir retrouvé le corps de mon père. J'avais poursuivi les recherches durant les mois suivants, persuadé qu'il devait être là quelque part mais du bien vite me résigner à l'évidente réalité. Depuis, j'essaye tant bien que mal d'assurer mon rôle de soldat à la perfection, comme il l'avait fait avant moi.