2145 Δ salon des Evans.
«
Pousse un peu tes grosses fesses de là ! » «
MES grosses fesses ? Tu devrais te regarder un peu dans un miroir cachalot ! » «
Vieille harpie ! » «
Éléphant ! » «
Rhinocéros putréfié ! » «
Ah ouais parce que peut-être tu sais comment ça s'écrit toi "Rhinocéros putréfié" ? » «
STOP, TEMPS MORT ! » Si les employés d'Erik Evans , éminent chercheur en technologie renouvelable pouvait voir leur patron à l'instant en train de gronder ses deux adolescents d'enfant ce qu'ils en riraient ! Les yeux moqueurs d'Erik se posèrent en premier sur son plus jeune enfant, son fils Dorian âgé depuis peu de 15 ans. Il avait hérité des traits fins de son père et des cheveux blés de sa mère, le petit ressemble étrangement à sa sœur, tous les deux sont de braves têtes de mules ! C'est tout naturellement que son regard se porta sur sa fille Nymeria, comme toujours Erik se demanda comment il avait pu créer une créature aussi parfaite. Une réplique exacte de sa mère en plus sauvage, plus rebelle. Un soupir échappa à Erik, sa femme Beth les avait quitté il y a presque dix-ans maintenant, mais il lui semblait parfois que c'était hier. Nymeria du haut de ses dix-huit ans était une jeune femme pétillante et rieuse, un vrai petit soleil pour ses proches. Avec un caractère de cochon il faut l'avouer. «
Je savais bien que vouloir vous réunir tous deux dans une même pièce me donnerait un résultat catastrophique ! » Il s'assit sur l'étroite banquette en face de ses enfants qui eux étaient serrés comme des minis-saucisses sur le fauteuil. «
Alors papa, c'est quoi la grande nouvelle ? T'as décidé de vendre Dorian à un...HEY ÇA FAIT MAL ! » «
Tu l'as bien mérité ! » «
J'ai été recruté pour Terra Nova. » Silence de mort.
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«
Terra Nova ? » La main de son frère vint se saisir de la sienne comme à chaque fois que quelque chose l'effrayait, Nymeria la pressa doucement pour le rassurer. Comme tous le monde elle avait entendu parler de Terra Nova, à l'école tous le monde rêvait d'y aller. Un nouveau monde, une nouvelle vie qu'ils disaient. Tout recommencer. La voix de sa mère lui parlant du vent, de la pluie et des fleurs lui revint à l'esprit. C'est avec une voix très détachée qu'elle demanda à son père «
On part quand ? » Quitter ses amis, sa maison, oui ça allait être difficile, mais Terra Nova c'est une chance que personne ne peut refuser. Tout abandonner, certes, mais avec une chance de tout reconstruire et en mieux. Son père tourna des yeux fatigués vers elle et répondit avec un pauvre sourire. «
Nous partons avec le second pèlerinage, dans un mois. Ils m'engagent dans leur équipe de recherche pour le développement de Terra Nova. » Nymeria hocha simplement la tête, son père était brillant elle le savait depuis longtemps et beaucoup pensaient que ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne soit engagé pour Terra Nova. Elle tourna la tête vers son frère et lui enfonça son coude dans les côtes «
Bon à partir de maintenant tu devras te tenir tranquille où dés qu'on arrive je te balance au milieu d'un troupeau de tyrannosaures ! »
85 000 000 plus tôt Δ salon des Evans.
Assise en tailleur sur une banquette moelleuse, Nymeria s'abime dans la contemplation de sa nouvelle maison. Dehors il y avait des arbres ! Elle n'en avait jamais eu des si grands et des si... naturels ! Elle tenait dans sa main gauche un verre contenant une sorte de liquide blanchâtre qu'elle allait devoir boire dans les prochains jours et dans sa main gauche une petite fleur jaune. Une larme coula doucement sur sa joue et Dorian vint de blottir à ses pieds assis à même le sol. «
C'est pas si dégoutant que ça en fait ! » Il souleva son propre verre et trinqua avec celui de Nymeria. Quand il remarqua les larmes de sa sœur il fronça les sourcils et ses beaux yeux bleus s'assombrirent. «
Pourquoi tu es triste ? » «
Je ne suis pas triste non, c'est juste que... que j'aurais aimé que maman soit là. » Elle tendit la fleur à son frère qui ouvrit de grands yeux écarquillés. «
Ce que c'est beau ! » Un sourire se réinstalla très vite sur les traits de Nymeria, quand son frère était heureux, elle était heureuse. Elle ébouriffa ses cheveux blonds et repéra son père dehors en train de parler avec un agent de sécurité qui l'avait abordé. «
Regarde-le, à peine il peut respirer par lui-même qu'il est déjà au travail ! » Elle se souvenait très bien de son passage par le portail, l'air trop riche qui était entré dans ses poumons, il lui avait fallu quelques secondes pour tenir debout, mais son père lui s'était évanouit. «
Tu sais, on va devoir aller à l'école ! D'après ce que j'ai entendu toi beaucoup moins que moi et tu vas devoir choisir une spécialité ! C'est tellement injuste. » «
Et ouais, pendant que tu seras penché sur tes feuilles moi je jouerais l'exploratrice dans la jungle ! »
1 an plus tard Δ la grande veillée.
Les larmes coulent lentement le long de ses joues, elle fixe les flammes si intensément qu'elle ne sait plus vraiment si elle pleure de douleur ou de chagrin. Peut-être les deux. Autour d'elle se pressait presque tout Terra Nova, presque car la plupart de la colonie venait d'être décimée par une épidémie. Le commandant venait de faire un discourt qu'elle avait écouté d'une oreille absente, des mots dans le vent. On dit que c'est un spore dans l'air qui a infecté les gens. Qui a emporté son père. Il était mort il y a trois jours, on ne l'avait pas autorisé à le voir, ni à voir son corps à cause de la maladie, on ne pouvait pas prendre le risque que l'infection se répande. Au fond elle en était heureuse, elle préférait se souvenir d'un père souriant et en bonne santé qui l'avait quitté en l'embrassant sur le front comme tous les matins en allant au boulot. Il n'était jamais rentré. Elle essaya de prendre Dorian dans ses bras quand on vint leur annoncer la nouvelle, mais il la repoussa pour aller s'enfermer dans sa chambre. Il s'y trouvait encore à l'instant, il avait refusé de participer à la veillée. Nymeria, elle se trouvait là parce qu'elle avait besoin d'aide, elle se trouvait seule, sa maison se trouvait 85 000 000 d'années dans le futur et elle était orpheline. Sa majorité atteinte elle serait relogée avec son frère dans de nouveaux quartiers, avec d'autres jeunes de sa condition. Jillian, sa voisine se tient à ses côtés, elle sont arrivés par le même pèlerinage et sont tout de suite devenues amies. C'est ensemble qu'elles étaient engagées dans la formation de soldats. Jillian se tourna vers elle et aperçu un filet de liquide rouge qui s'échappait du point fermé de Nymeria. «
Mais... tu saignes ! » Nymeria n'écouta même pas et continua de fixer l'énorme feu de bois devant elle, n'opposant aucune résistance aux mains de Jillian qui lui ouvrit le point pour s'occuper de ses blessures. Elle ne trouva rien, la plaie se trouvait bien plus profond. Dans la main de son amie, Jillian trouva une fleur rouge écrasée, réduite en bouillie. «
Oh Nym... » «
Je sais. » Nymeria effaça les dernières traces de larmes et s'avança d'un pas décidé vers le brasier, elle ignora les regards des veilleurs et la chaleur fouettant son visage. Elle tendit la main vers les flammes et laissa tomber le cadavre de la fleur dans les flammes.
maintenant Δ terra nova
Quatre années ont passés depuis la mort du père de Nymeria, pourtant le drame laisse encore des traces. Dorian et Nymeria avait beau vivre sous le même toit, il ne se parlait presque plus, une fois son deuil fait, le jeune homme avait coupé les ponts avec sa sœur et tout autre attache émotionnelle qu'il pourrait avoir. Une vraie épave. Nymeria avait tout essayé pour le ramener auprès d'elle, rien n'avait suffit. Elle était devenue soldat et travaillait à la protection de Terra Nova tous les jours. Elle avait apprit à ne plus craindre les gros lézards, mais plutôt à les accepter. Bien sûr il y avait aussi des méchants gros lézards, mais il faut faire avec. Surtout après cette fameuse patrouille, un an plutôt où elle était passé très proche de la mort. Elle n'en parle pas vraiment souvent, des jeunes s'étaient éloignés de la clôture, c'était pas la première fois et ça serait surement pas la dernière, mais la nuit approchait et des soldats avaient étés dépêchés à leur rescousse. Hors le sauvetage dérapa quelque peu et à cause d'une stupide seconde d'inattention elle se retrouva à terre, le visage dans l'herbe et le dos en feu. Un faucheur avait essayé de la couper en deux, elle avait bougé avec quelques secondes de retard, mais ça lui sauva la vie. Le harpon de l'animal avait juste sectionné la peau, elle en avait tiré une belle cicatrice ! Elle avait bien cru qu'elle allait retrouver son frère à ce moment-là, mais rien, il ne vint même pas la voir quand elle revint à la maison. Elle ne se souvenait même plus si c'était son frère où son dos qui lui avait fait le plus mal.