L’amour. On n’y croit pas vraiment. En fait, Nohlan n’y croyait pas vraiment avant de tomber sur Elisabeth. Douce jeune femme à la longue chevelure blonde. Il savait. Il savait qu’elle était la femme de sa vie. Aucune question. C’était comme les histoires dictées dans les livres ou les films. Un coup de foudre. Ce quelque chose qu’on ressent quand on pose son regard sur la bonne personne. L’amour c’est éphémère. L’amour, ça ne dure pas. Il y a toujours quelque chose pour venir éteindre ce feu qui vous brule, qui vous donne envie de vivre. C’est ce qu’il pense maintenant. Ce n’est pas ce qu’il pensait. L’amour ne fait plus réellement partie de sa vie. L’amour. Il fuit l’amour.



La musique coulait à flot dans la voiture. C’était une journée simple. Une journée qui vous donnait simplement envie de rouler. Juste profiter. Savourer. Être là. C’est exactement ce qu’il avait décidé de faire avec sa femme. Elle l’était depuis des années. Depuis qu’il avait vingt-trois ans. Il ne s’était pas lâché depuis des années. Depuis trois ans maintenant. Ils s’aiment. Leur vie commençait à avoir une forme précise un et avenir qu’ils fondaient à deux. Ils étaient tous les deux dans l’impala de Nohlan et chantaient à tue-tête. C’était évidant qu’ils étaient fou amoureux. Nohlan se laissait emporter. Elle se penchait et venir lui voler un baiser. Leurs lèvres se touchaient. Il avait toujours aimé la douceur des siennes. Une seconde. Un instant pour que tout change. Tout bascule. Elle se reculait et le cri fut instantané. « -Nohlan fait attention.» Une voiture. Une voiture qui arrivait du côté passager, trop vite. Il ne l’avait pas eu, trop concentré à profiter de la douceur de ses lèvres. Le vide. Le noir. Le coma. Il ne se souvient pas. Il ne sait plus. Il ouvre les yeux. Un plafond blanc. Le mal. Ses muscles, son dos, son corps entier lui faire mal. Il cherche du regard. Elisabeth. C’est la seule chose qui lui vient en tête. La voix de sa femme qui hurle, le son des vitres qui se cassent et le vide. Il se lève. Un bras dans le plâtre. Rien de bien grave. Elle n’est pas là. Il ne la voit pas. Ses pas se précipitent dans le couloir et il se heurte à un docteur. Il questionne. Il tremble. Il a peur. Il frissonne. Le visage désolé de son interlocuteur en dis long. Trop long. « -Où est-elle? Je veux la voir!» Sa voix brisée fend le silence. Il se meurt. Il ne peut pas croire. Il ne veut pas croire. C’est à ce moment prévis qu’il meurt. Il meurt de l’intérieur. Il se perd. Il se noie. Il ne veut plus vivre sans elle. Tous lui rappellent sa femme. La maison, les photos, son odeur qui flotte encore dans leur chambre, ses vêtements encore posés sur le lit. C’est dur. C’est trop dur sans elle.



Longue journée. Trop longue journée. Depuis la mort de sa femme, sa vie avait pris un autre sens. Il avait décidé de rejoindre les forces militaires. Il n’avait plus rien à perdre. Rien. Il avait déjà perdu ce qu’il aimait le plus. Chaque jour était plus difficile l’un que l’autre. Sa femme lui manquait et ça devenait de plus en plus pesant. Insupportable. Nohlan ne parlait pas de sa vie avec les autres, il se taisait et se contentait de faire son travail. Ce soir, il n’en pouvait plus. Il ne pouvait plus tenir. Dans une impasse. Dans une mauvaise passe. Impossible de trouver la bonne chose à faire. Impossible de faire la bonne chose. Il avait pris un pistolet et s’était tiré une balle. Aucune hésitation. Aucune envie de changer d’idée. Encore une fois le noir. Le vide. L’oubli. Il se sentait bien dans ce néant qu’il avait provoqué. Pourtant, une fois de plus il ouvrait les yeux sur un plafond blanc. Un pincement au cœur. La fois d’avant, ça avait été le pire réveil de sa vie. Il aurait voulu ne pas se manquer cette fois, mais il était encore là. Signe du destin? Peut-être.



Une nouvelle vie. C’est exactement ce qu’il pensait quand il avait accepté cette offre. C’est exactement ce qu’il pensait quand il faisait un pas dans le passé pour retourner à quelque chose de mieux, quelque chose de pur. C’est comme si retourner dans le passé allait effacer la douleur qu’il ressentait. Bien que moins présente, il est impossible pour Nohlan de l’oublier. Surtout qu’il se sent responsable de sa mort, il met la faute sur lui. Il tente de passer à autre chose, il y arrive, de temps en temps. Les rechutes sont possibles. Dans cette vie depuis quatre ans, il avance, il cicatrise. Il passe à autre chose. Il se concentre sur son travail et serait prêt à tout donner pour les gens du camp. Il la rencontre. Elle. Jolie brune. Elle fait partie du personnel médical. Lui. Le parfait militaire, qui ne doit pas avoir de liaison avec qui que ce soit. Ça n’aura rien de facile. Surtout qu’elle lui plait, plus qu’il ne voudrait se l’avouer. La première. La première depuis la mort de sa femme à se faire une petite place dans la tête de Nohlan.