Sincèrement, tu vraiment connaitre mon histoire ? Je te préviens, c'est pas une partie de plaisir... pour moi je veux dire. Raconter des histoires, c'est pas tellement un de mes trucs préférés. Enfin, je vais essayer de faire mon possible. Bon, par où commencer ? Ah ouai, ma naissance. Logique en même temps. Bien que je n'aie jamais compris pourquoi on raconte cet instant de la vie qui n'a rien de merveilleux et d'intelligent, je vais faire un effort. Alors, je suis née de deux parents. Jusqu'à là, rien de bien original, je dirais. C'est même pathétique de m'entendre dire ça. Je reprends. Donc, je suis née d'un père, un dirigeant haut placé dans l'échelle sociale des États-Unis, et d'une mère que je n'ai pas vraiment connue puisqu'elle est morte lorsque j'avais... voyons... 6 ans je crois. Il ne me reste d'elle que des souvenirs flous et des photos que mon père a soigneusement gardées dans un tiroir. J'ai du les voler d'ailleurs, car il refusait que je vois ma mère décédée. Quel imbécile. Je n'ai jamais compris pourquoi il me cachait tout ce qui avait trait à elle. Je suppose qu'il essayait de me protéger. Mais de quoi ? Ou alors, il essayait de l'oublier. Je n'ai jamais su. Tout ce dont je connaisse d'elle, c'est la cause de sa mort. Charmant, n'est-ce pas ? Donc, elle est morte d'un cancer. Je ne sais pas lequel, mais ça a du être grave, vu qu'on n'a pas pu la sauver. Je crois qu'elle était en phase terminale lorsque j'ai atteins mes 5 ans. C'est triste pour elle. Moi, je ne connais même pas son nom. Je ne l'ai jamais considéré comme ma mère.



Mon enfance a été très cool. Mon père, avec l'argent qu'il a amassé lors de son mandat de gouverneur de Chicago, m'a tout donné. Je dois avouer que je voulais tout ce qui existait sur la Terre. Il m'offrait tout. Sinon j'allais le voir personnellement et je le suppliais. Quand je veux quelque chose, je l'obtiens. Même s'il faut pour cela détourner la loi. Il me chérissait donc autant qu'il pouvait. Et puis, je voulais aussi vous parlez de l'école. Ah... l'école. Au début, je suivais des cours dans mes appartements privés. J'avais des précepteurs et tout le blabla afin que je sois instruite. Malheur pour eux, il était difficile, carrément impossible, de me faire apprendre quoique ce soit. Alors, à la fin de la Primaire, il s'avérait que je ne savais qu'écrire. Mon père, trop occupé dans ses affaires, n'a jamais jeté un coup d’œil au bon déroulement de mon instruction. Mais lorsqu'il m'a vu au travail, la colère l'a emporté et il a viré mes précepteurs. Il ne m'a rien fait. Je pense qu'il m'aimait trop pour pouvoir me taper. Par contre, il a décidé de m'envoyer à l'école publique. Mon Dieu. Si j'avais su à quel point c'était chiant et merdeux, je n'y serais jamais allé. J'aurais séché mon premier cours de toute ma vie. Alors, l'école, vous savez ce que c'est ? Des emmerdes, des gosses ridicules, l’inutilité avec un grand I. Mon premier jour de rentrée, je suis arrivée dans la classe où j'étais censée me mélanger à des rejetons. Dès que j'ai posé un regard sur leur petit visage sage, j'ai compris. Ça n'était pas fait pour moi. Non seulement, je n'aimais pas les gens et mes "camarades", mais la maîtresse m'a engueulé à plusieurs reprises. J'ai voulus leur faire vivre l'enfer. Ils ont vécu l'enfer. Je suis devenue la reine du collège. Mes paroles tranchaient des têtes. J'utilisais les mots comme une épée.



Terra Nova! Je VOULAIS y aller. Dès le premier pèlerinage, mes yeux étaient emplis de désir quant à fouler le sol de cette nouvelle Terre. J'avais conscience qu'on ne pouvait pas revenir en arrière. Qu'importe ? Qui me pousserait à y renoncer ? Personne. Je n'avais aucune attache en 2149. Pas d'amis, des connaissances mais ils ne m'intéressaient pas, mon père jamais présent à mes côtés, des études pourries. Bref, rien ne me retenait. De plus, je savais que ma vie ici allait mal se terminer si je restais. Je n'avais rien foutu à l'école. Le plus facile a été de demander à mon père le permis pour aller à Terra Nova. J'étais inquiète quant à sa réaction. Finalement, il m'a surprise lorsqu'il m'a répliqué : « je vais voir ce que je peux faire... ». Le plus étrange a été de découvrir qu'on s'y rendait grâce à la loterie et à vos savoir-faire. Dans la deuxième catégorie, j'étais totalement inutile à la colonie. Ma chance résidait dans la première option. Mon père a mis deux ans pour pouvoir mettre mon nom gagnant dans la loterie. Proche du gouvernement, célèbre pour ses discours polémiques, héritier d'une grande fortune, il a pu tricher. Je me trouvais donc dans les pèlerins de la troisième colonie.



« Pourquoi tu me laisse partir ? » Une question qui m'a taraudé toute la nuit. Je n'ai pas pu dormir. C'était la première fois que je me souciais de quelque chose. Ne plus revoir mon père n'en faisait pas parti. C'était le fait qu'il se soit démené afin que je puisse partir pour Terra Nova, ce qui me mettait mal à l'aise. Mon père ne répondait pas. Il faisait probablement semblant de ne pas avoir entendu. Il continuait d'écrire des missives sur son bureau. « Alors, pourquoi ? ». Il releva la tête de ses papiers. Il soupira. Puis, enleva ses lunettes de son nez. Il avait l'air plus vieux sans ses lunettes. Des cernes lui creusaient les yeux. J'essayais de discerner ses émotions. Impossible. « Parce que tu n'es pas ma fille. Tu ne l'as jamais été. ». Et il remit ses lunettes et plongea à nouveaux dans son travail de gouverneur. Pour ma part, je n'étais pas choquée. « Racontes-moi. ». J'étais directe. Lui aussi. « Ce n'est pas bien difficile à comprendre. Ta mère m'a laissé pour un autre homme. Elle est allée vivre avec lui. Un homme vivant en dehors des dômes. Ta mère est revenue vers moi lorsqu'elle a appris son cancer. Elle t'a donné naissance ici. ». C'était du n'importe quoi. Tout d'un coup, j'éprouvai de la haine envers ma mère. Je n'étais qu'une bâtarde à cause d'elle. « Et toi tu l'as hébergé ? ». « Oui, je ne l'aimais plus, mais il me restait encore un peu d'amour pour lui offrir un toit où mourir. ». Je n'y croyais pas mes yeux. Comment pouvait-on être aussi faible ? Je me refusais donc à aimer d'un amour passionnel. Je ne voulais pas finir comme mon père. « Et l'homme, qu'est-il devenu ? ». Cet homme, mon vrai père. « Je n'en ai aucune idée. Ta mère n'a pas prononcé son nom une seule fois. ». Je me dis qu'elle avait bien fait. Je la détestais.



Je suis partie. Le coeur vide. Le regard vers l'avenir et non le passé. J'ai découvert Terra Nova, j'ai foulé ce sol riche et extraordinaire. Ainsi, c'était ce à quoi la Terre ressemblait il y a des milliards d'années ? C'était si beau... j'allais vivre une deuxième vie. Super non ? Par contre, il y eut un problème quand on m'a imposé des stages. J'ai tout simplement refusé de les effectuer. Et là, on m'a engueulé, j'ai pas aimé ça. Je n'allais pas abandonner le combat. Je suis une battante et je gagne à tout les coups. On m'a finalement trouvé un job qui me plaisait. Chasseuse de gibier. C'est simple. Je sors de la colonie (yes!) et je tue des bêtes pour les amener au village. J'aime beaucoup ce travail. Il me permet de me relaxer. Bouger, viser, lancer avec force une flèche ou un javelot. Un sport plus qu'un job. Question niveau social, je suis en bas de l'échelle. Je n'aime pas les gens et je leur rends si bien la balle qu'ils m'évitent. La plupart sont trop sérieux pour moi. Les autres, je m'amuse bien avec eux. Mais je n'ai pas vraiment de liens forts dans la colonie. J'aime me débrouiller toute seule.